EPR DANS LA PREVENTION DES GROSSESSES CHEZ LES ADOLESCENTES

Au Rwanda, la problématique des grossesses précoces chez les adolescentes revient souvent dans les débats publics. Ce problème engendre de nombreuses conséquences, tant pour les filles adolescentes concernées que pour leurs familles, pour l’Église et pour le pays tout entier (toute la société).
Differentes recherches menées sur cette thématique ont
montré que parmi les causes sous-jacentes de ces grossesses non desirees
figurent le faible niveau des connaissances et d’informations fiables en
matière de santé reproductive. À cela s’ajoute l’irresponsabilité, et le manque
d’implication des garçons et des hommes dans la prévention des grossesses non
désirées, ainsi qu’un déficit d’éducation dès le plus jeune âge à une
masculinité positive.
Face à ce constat alarmant, l’Église Presbytérienne au
Rwanda (EPR), à travers son département de la santé, dans le Projet ESMPA
(Education des Jeunes à une sexualité Responsable et promotion d’une
masculinité positive) soutenu par PPLM l’organisation protestante allemande de
développement (Pain pour le Monde-Service Protestant de Développement), a
décidé de contribuer à la lutte contre les grossesses précoces chez les jeunes
adolescentes. Ce projet enseigne la santé reproductive, sexualité responsible,
et promotion d’une masculinité positive aux jeunes situés dans des paroisses où
le taux de grossesses précoces est particulièrement élevé.
Ce projet est mis en œuvre dans 20 paroisses de l’EPR
ainsi que dans 10 établissements scolaires qui lui sont affiliés. Il vise à
doter les jeunes de connaissances et de compétences leur permettant d’éviter
les grossesses précoces. Il s’adresse aux jeunes de 14 à 24 ans issus de ces
paroisses, y compris les jeunes filles mères.
Les groupes cibles indirects de ce projet incluent les
enseignants, les responsables d’écoles, les agents de santé, les leaders
religieux et les pairs éducateurs des jeunes déscolarisés.
Par ailleurs, des données collectées dans 10 paroisses partenaires du projet indiquent que parmit 1.100 jeunes filles recensées, 220 ont accouché, soit un taux de 20 %.
Le personnel du Projet ESMPA, le Pasteur Responsable de la Paroisse de Nyarubuye, les lauréats et leur formateur
C’est dans ce cadre que les pairs éducateurs (dont le
pasteur et les animateurs des jeunes) par assistance du personnel du projet ont
organisé dans la paroisse de Nyarubuye (EPR-Presbytery de Remera) une campagne
de sensibilisation de masse sur la santé reproductive, sexualite responsable et
promotion d’une masculinité non-toxique. En outre, une formation
professionnelle pour 6 mois en métier (couture, tricotage, et sâlon de
coiffure) a été dispensée aux jeunes filles mères célibataires. Dans ce cadre,
le 11 mai 2025, une cérémonie de remise de certificats aux jeunes mères
célibataires formées a été organisée, accompagnée d’une distribution de kits de
démarrage afin de renforcer l’autonomie des ces lauréates.
Mr Jean Claude HAKIZIMANA, superviseur du Projet ESMPA
Dans son discours, Mr Jean Claude Hakizimana, superviseur des activités de terrain dans le projet au sein du département santé de l’EPR, a souligné que cette cérémonie s’est tenue pour rappeler à chacun qu’il est responsable de prévenir les grossesses précoces chez les adolescentes. Il a précisé que le projet s’adresse aux jeunes de 14 à 24 ans, qui participent à 12 chapitres ou séances d’éducation visant à changer les comportements à risque. Il a expliqué que faire soutenir les filles mères à acquérir ces compétences professionnelles, vise à changer le regard de la communauté sur les jeunes mères adolescentes et à les considérer comme des personnes capables de contribuer positivement dans la dynamique économique et de les intégrer socialement.
Parmi les causes majeurs des grossesses précoces, Mr.
Jean Claude a cité:
·
L’insuffisance des connaissances et
d’informations non biaisées sur la santé reproductive;
·
La pauvreté des ménages ;
·
Les violences basées sur les genres.
Il a signalé que le projet encourage des échanges
ouverts entre des jeunes au sein des groupes, dans un climat de confiance, en
notant que les tabous culturels empêchent souvent les parents de parler
librement à leurs enfants de ces sujets essentiels. Dans ce propos, le projet
dispose un programme de 12 sessions de sensibilisation pour 6 mois.
Il a rappelé l’importance de l’autonomie financière,
notant que la pauvreté pousse certaines jeunes filles à céder à des avances
conduisant aux rapports sexuels irresponsables qui menent aux grossesses non
souhaitées. C’est pourquoi le projet encourage les groupes des jeunes d’epargne,
et des crédits ainsi une formation professionnelle aux certaines jeunes filles
élévant seuls leurs enfants afin de renforcer les capacités et d’aider les
jeunes à générer leurs propres revenus.
Il a également dénoncé les violences basées sur le
genre comme un facteur aggravant, d’où la nécessité d’inclure les garçons dans des
sessions de sensibilisation, pour promouvoir une masculinité positive,
respectueuse et non violente. A son avis, les conflits familiaux constituent
une autre cause importante : lorsque les parents sont en conflit permanent, les
enfants se sentent abandonnés. C’est pourquoi ce projet de l’EPR prévoit
d’intensifier les efforts en 2026 pour la prévention et occtroyer des séances
de formation sur la gestion des conflits. Il a enfin souligné le rôle des
réseaux sociaux, qui exposent les jeunes à des informations parfois inadaptées
et nuisibles.
La paroisse EPR Nyarubuye, (l’une des 10 paroisses
partenaires), était la 9ème où ils ont remis les certificats. Sur les 18 jeunes
formés, 16 ont terminé avec succès. Les deux autres recevront leur certificats
ultérieurement. Mr Jean Claude a remercié les participantes pour leur
engagement et les a encouragées à être actives et responsables dans la
société.
Lors d’échanges avec les parents, ceux-ci ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis du projet. Les parents de ces filles mères célibataires ont aussi reconnu que les grossesses précoces sont souvent causées par l’ignorance, la pauvreté ou l’irresponsabilité. Certains ont noté que leurs filles, formées à la couture, commencent à confectionner des vêtements pour la famille ou à vendre leurs produits. Ils ont insisté sur l’importance du rôle parental dans l’éducation sur la santé reproductive des enfants, la proximité et le dialogue.
Les jeunes bénéficiaires (lauréates) ont exprimé leur gratitude, en affirmant avoir acquis des connaissances nécessaires en matière de santé reproductive. La formation professionnelle leur a également permis de couvrir certains besoins personnels, tout en renforçant la confiance en eux. Elles ont également promis de mettre à profit les compétences acquises pour se construire un avenir meilleur et éviter de reproduire les erreurs passées.
Rev. Gad BIREGEYA
Le Pasteur Gad BIREGEYA, responsable de la paroisse de l’EPR Nyarubuye, a souligné que le projet a permis aux jeunes fille-mѐres de sortir de leur isolement et de retrouver leur place dans l’Église. Il a renforcé la collaboration entre l’Église et l’État dans la lutte contre les grossesses précoces chez les adolescentes. Il a confirmé que le manque d’éducation, l’ignorance et la pauvreté sont les principales causes, mais que ce projet de l’EPR y répond efficacement par l’éducation et l’autonomisation. Dans le cadre de la prévention, il a annoncé la poursuite des campagnes de sensibilisation et la tenue prochaine d’un grand rassemblement spirituel en juillet 2025, axé sur la délivrance et guérison des blessures intérieures.
A la fin de la cérémonie, les jeunes formés ont reçu
des équipements qui les aideront à bien exercer leur métiers.
CBN