APPRENDRE UN MÉTIER: UN LEVIER DE RÉINSERTION POUR LES MÈRES ADOLESCENTES

L'une des causes majeures d’anxiété chez les
jeunes filles enceintes est le fait d’attendre un enfant alors qu’elles ne sont
pas à mesure d’assumer de telles lourdes responsabilité. Une adolescente
enceinte est souvent bouleversée pour de nombreuses raisons: se demander
pourquoi cela lui est arrivé, craindre la réaction des autres à l’annonce de la
nouvelle, devoir assumer des responsabilités parentales alors qu’elles sont
très petites, interrompre ses études, des difficultés financières et
matérielles autant que la majorité de ces jeunes filles viennent dans des
familles très pauvres.
Ces adolescentes rencontrent aussi divers problèmes au moment de l’accouchement ou après liés à leur age. Parmi les complications il y a: la fistule, éclampsie, infections génitales, etc. Mais le défi le plus difficile reste la capacité à prendre soin d’elles-mêmes et de leur enfant. Cette difficulté est exacerbée par le rejet de leurs partenaires, la non acceptation par leurs familles, et une mise à l’écart de la société ce qui leur conduisent à un isolement.
L’Église Presbytérienne au Rwanda (EPR), engagée pour l’amélioration des conditions de vie de la population, a identifié cette problématique comme prioritaire. Elle a lancé un projet d’éducation à la santé reproductive et à l’éducation sexuelle intégrale pour les jeunes, afin de leur fournir des informations susceptibles de les protéger contre les grossesses précoces. Les mères adolescentes reçoivent également ces formations, accompagnées d’un apprentissage professionnel pour leur permettre de gagner des revenus, subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.
Dans ce cadre, l’EPR a formé 179 adolescentes issues de différents districts du pays à des métiers techniques et manuels. Le 15 mai 2025, une cérémonie de remise de certificats et des outils de travail de base s’est tenue, pour 18 jeunes filles de la paroisse de Gihara ayant terminé six mois de formation en couture et en coiffure. La cérémonie s’est déroulée dans le bureau de la cellule de Gihara, secteur de Runda, district de Kamonyi. Les différents responsables y ont participé. Parmi eux, il ya Mme Mukandayisenga Florence sécretaire exécutive de dévelopment social (SEDO), le Pasteur de la paroisse Runda, Jean Sauveur Masabo, l’évangéliste Moïse Musengimana de la paroisse Gihara, la responsable du centre de formation Sainte-Léonard, Sr. Berine Nyirajyambere, le personnel de l’EPR, les formateurs, les familles des jeunes filles formés ainsi que leur proches.
Dans l’entretien avec certaines de ces jeunes
filles, elles ont dit que ce projet a transformé leur vie. Elles ont décrit
leurs difficultés comme le rejet familial, la stigmatisation, la honte et le
manqué de moyens de subsistance. Elles ont reconnu l’utilité du projet, qui
leur a redonné la confiance et a brisé leur isolement social.
Grâce aux compétences acquises, elles ont pu démarrer des activités génératrices de revenus pour subvenir à leurs besoins et de leurs enfants. Elles ont aussi mis en place des groupes d’épargne et de crédit pour s’entraider, obtenir des fonds de démarrage et s’autofinancer afin de prévenir les grossesses précoces resultant quelquefois de la pauvreté. Elles ont exhorté les parents à éduquer leurs enfants et rester proches d’eux.
Mme Mukandayisenga a exprimé la satisfaction des
autorités locales quant à leur collaboration avec l’EPR pour résoudre les défis
de la société rwandaise. Elle a remercié les responsables paroissiaux d’avoir
suivi la formation des jeunes jusqu’à la fin. Elle a encouragé les
participantes à ne pas revenir en arrière et à exploiter pleinement les outils
reçus.
Jean Claude Hakizimana, superviseur de terrain des activites du projet,
a réaffirmé l’engagement de l’Église à apporter des solutions concrètes à ce
problème. Il a rappelé que cela ne concerne pas uniquement les filles, mais
aussi les garçons et les hommes. Il a précisé que leur offrir une formation
professionnelle n’est pas une récompense de leur accouchement précoce, mais une
manière de leur redonner confiance, de les aider à reconstruire leur vie et à
s’occuper de leurs enfants. Il a souligné que le moment de l’echec d’un enfant est aussi le meilleur moment de
le soutenir et de l’accompagner.
Des parents ont exprimé leur reconnaissance pour les connaissances acquises par leurs enfants. Selon eux, la pauvreté et les tentations sont parmi les principales causes des grossesses précoces. Ce projet apparaît donc comme une solution efficace. Ils ont aussi affirmé que leur implication dans l’éducation et l’encadrement de leurs enfants est essentielle.
Les responsables religieux des paroisses Gihara
et Runda ont confirmé l’engagement de l’EPR à accompagner les jeunes, à la fois
spirituellement et socialement. Continuer ces initiatives va réduire les
grossesses précoces. Ils ont exhorté les jeunes à éviter les tentations et les
parents à remplir pleinement leurs rôles éducatifs.
Enfin, le pasteur Jean Sauveur Masabo a conclu en disant : « Nous croyons que Dieu est le Maître de toute chose, et même lorsque nous échouons, Il nous donne toujours une seconde chance. »
NAHAYO
Pelagie